Deux ex-associés de Pictet s’exilent fiscalement en Italie

Selon des révélations de la Tribune de Genève largement reprises par l’ensemble des médias, Renaud de Planta et Bertrand Demole, tous deux anciens associés de la banque privée genevoise Pictet, auraient déplacé leur domicile fiscal en Italie.

Ce départ leur permettrait de bénéficier du régime fiscal avantageux mis en place en 2017 par l’Italie à l’intention des grandes fortunes étrangères et qui prévoit un impôt forfaitaire de EUR 200’000 par an sur l’ensemble de leurs revenus étrangers.

Si elle se confirme, cette nouvelle marque un changement radical par rapport aux usages des grandes familles genevoises qui, jusqu’à présent, restaient fidèles et loyales au canton de Genève et continuaient à en soutenir l’activité et les causes.

On peut voir dans de telles décisions motivées par l’égoïsme et l’appât du gain un manque de reconnaissance et une ingratitude envers une ville qui, par ses conditions cadres et son dynamisme économique, leur a permis de constituer leur fortune.

Cela est d’autant plus ironique que Renaud de Planta est l’un des fondateurs de la Fondation pour l’attractivité du canton de Genève (FLAG) et que les banques privées – Pictet en tête – chantent en permanence à l’intention de leurs clients les mérites de Genève en tant que havre de paix, de modèle de stabilité et de modération fiscale.

Certains partis profitent de l’occasion pour tenter de faire croire que ces exils fiscaux montrent la perte d’attractivité de Genève et qu’il est donc important de diminuer l’imposition des super-riches.

C’est oublier que les chiffres montrent au contraire qu’en Suisse et à Genève en particulier, les riches deviennent toujours plus riches et que les inégalités augmentent continuellement, faisant de la Suisse un pays encore plus inégalitaire que les USA.

Ainsi, en Suisse, 1% de la population détient 42% de la fortune nationale. A Genève, 50 contribuables, soit le Top 0.1% de la population, possèdent à eux seuls 31% de la fortune cantonale.

La concentration du patrimoine a d’ailleurs fortement augmenté en 20 ans, puisque ce club exclusif du Top 0.1% ne possédait « que » 18% de la fortune cantonale en 2004.

Il semble bien loin le temps d’Hans Wilsdorf et l’époque où les propriétaires des grandes entreprises du canton – notamment les associés des banques privées qui se retiraient – ressentaient le besoin de rendre à la cité une partie de ce qu’elle leur avait apporté. L’ère de l’individualisme forcené est malheureusement arrivée.